Les abeilles survivantes
Un nombre croissant de petits apiculteurs s’associent pour sélectionner leurs meilleures abeilles.

 

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Original publié dans …
The Americab Bee Journal,
October 2014 vol 154(10)
p. 1087-1091
article de   M.E.A McNeil,
Maître-apicultrice, journaliste freelance
membre de Honey and
Pollination Board à UC Davis

M.E.A McNeil

San Anselmo, California
USA

L’espoir a germé comme une floraison de pissenlits en un mouvement populaire pratiquant l’élevage des abeilles de lignées survivantes à travers le pays — explosion d’il y a à peine cinq ans, à la suite d’une série d’articles dans The American Journal Bee1. Il ne s’est trouvé que très peu de projets. Cela ne veut pas dire que le Graal de l’abeille idéale est la nouvelle quête. Au XIXème siècle, le remplacement de la très perverse abeille noire allemande (Apis mellifera mellifera) par des italiennes (A.m. ligustica) fut comme une manie d’amateurs de tulipes. Dans une coupure de presse archivée, marquée 1937-1940 du laboratoire précédant l’USDA-ARS, on reconnaît la déclaration suivante : « Ils viennent seulement de commencer à faire part de leur super-abeille. »2

Si cela semble comme un commencement statique, c’est parce que le jeu a été changé au moment de l’introduction de Varroa et ensuite par l'épidémie des acariens des trachées (acariose). La sélection d’abeilles résistantes aux acariens a été, dès le début, supposée impossible. Les acaricides ont donc été largement utilisés contre Varroa. Il a fallu le travail coûteux de certaines âmes exploratrices pour restaurer la vieille recherche fondamentale : observer, trouver et démontrer la faisabilité de la sélection pour les caractères de survie.3  Marla Spivak a développé le comportement hygiénique — qui détecte et élimine les larves et nymphes mortes — dans son Département de l’Université du Minnesota. Et des abeilles russes (Primorsky), qui avaient évolué avec Varroa, ont été importées par le laboratoire de l’USDA à Baton Rouge. Ces chercheurs ont également développé les lignées VSH (Varroa Sensitive Hygiène) qui éliminent les acariens dans le couvain operculé (Harbo & Harris).

Maintenant un nombre croissant de petits apiculteurs se sont fixé un objectif supplémentaire : développer des abeilles mieux adaptées localement. Des abeilles expédiées d’une région géographique à l’autre peuvent avoir, selon Debbie Delaney, des problèmes d’acclimatation. C’est un chercheur de l’Université du Delaware, attaché à l’abeille qui déclare : « Les gens ont besoin de sélectionner pour leur région ». Mais, « je pense qu’il y a une confusion sur ce qui définit une lignée survivante. Si les abeilles sont dans un arbre, les gens pensent que c’est une colonie survivante disponible, mais, en fait, nous n’en savons rien. Il est préférable de contrôler et caractériser les qualités importantes ».

Chaque année Delaney acquiert le plus possible de colonies développées localement : « Je les dégrossis d’après les travaux de Seeley, Tarpy et Mattila qui montrent tous que la réussite est dans la diversité ». Sue Cobey, de la Washington State University souligne qu’en élevage de l’abeille le plus important est la variation génétique, citant l’exemple de la résistance aux maladies, où quelques abeilles, dans une même colonie, peuvent être gravement infectées alors que d’autres sont indemnes.

Cobey élève des abeilles depuis plus de trente ans. Son expérience lui a appris que la sélection d’un seul caractère, comme le comportement hygiénique, peut être atteint en aussi peu de temps que cinq ans, mais « le développement et la production d’abeilles résistantes aux acariens est une tâche beaucoup plus complexe et difficile ». Elle dit que la plupart des lignées survivantes avec succès ont tout ou partie des avantages suivants : un élevage de reines ponctuel ; une période sans couvain qui suspend la reproduction des acariens (interruption provoquée par des hivers rigoureux, par l’essaimage, la division, le confinement de la reine ou un simple comportement particulier) ; des aires de butinage sans pesticides ; la sélection d’un comportement hygiénique et/ou de VSH ; le contrôle et la sélection des mâles par insémination instrumentale ou dans des zones de reproduction isolées (stations de fécondation) ; la diversité génétique ; la tenue soigneuse de pedigrees et des notes des manipulations ; et, elle le souligne, la passion.

Du fait que le nombre de ces projets d’élevage a grimpé en flèche, la compétence de cet article ne sera qu’un échantillonnage des groupes ou des programmes de coopération. Toutes les parties concernées sont à la recherche d’abeilles mieux à même de s’en sortir, mais la diversité des moyens dans ce but invoque la vieille blague : deux apiculteurs, trois opinions. Leurs solutions varient depuis l’approche directe, vivre et laisser mourir (live-and-let-die) jusqu’à une surveillance contrôlée et une IPM = gestion intégrée des ravageurs (integrated pest management).

Le chercheur sud-africain Mike Allsopp disait, « Les apiculteurs d’Afrique du Sud ont simplement choisi de ne pas traiter le Varroa, avec pour résultat que nous avons très rapidement éliminé les lignées sensibles de notre population … mais traduire cela en programmes à l’échelle du continent américain sera difficile — principalement parce que c’est un choix du tout ou rien. Tout le monde doit fonctionner pour le vivre-et-laisser-mourir, sinon ça ne peut pas marcher »4.

Certains, ici, ont fait ce choix, mais pas tous — un choix qui n’était vraiment pas clair à faire : l’apiculture américaine est très différente de celle d’Afrique du Sud, par ses différentes sous-espèces et les exigences de la gestion. Mais les acaricides longtemps utilisés dans les ruches pour contrôler les acariens ont montré qu’ils sont aussi nocifs pour les abeilles et absorbés par le pollen et la cire, de sorte que certains petits apiculteurs ont opté d’abandonner les traitements chimiques et de sélectionner des lignées de survivantes.

L’apiculteur commercial John Miller attire l’attention sur le fait que les abeilles d’une colonie, chargées d’acariens et/ou de maladies, se répandent, infestant ou infectant d’autres colonies. Son souci, c’est que nombre d’apiculteurs débutants n’ont pas la compétence pour contrôler une telle contagion, et il compare cela à laisser traîner des poulets mourants pour répandre la grippe aviaire. Cobey dit qu’il est essentiel de surveiller attentivement, au besoin utiliser les contrôles, et remérer les colonies sensibles. Marla Spivak, l’entomologiste de l’Université du Minnesota convient que l’IPM est une bonne approche, observant que vivre-et-laissez-mourir « pourrait ne pas être la meilleure méthode. On ne sait pas pourquoi ces colonies ont survécu, et on peut développer une forte érosion génétique ». Elle suggère qu’un meilleur programme est de sélectionner pour des qualités pertinentes — comme le comportement hygiénique, le toilettage (grooming8), la conservation des ressources et/ou un arrêt saisonnier.

Un avantage certain pour des projets de groupe à petite échelle, c’est qu’ils sont d’habitude exécutés par les apiculteurs expérimentés. Les projets varient en gestion et organisation — des programmes sont menés soit individuellement, soit par des groupements, et d’autres en coopération avec des chercheurs universitaires.

Dans le Michigan

Meghan Milbrath
Fig. 1.  Meghan Milbrath travaille avec le «Northern Bee Network», un consortium du Minnesota. Une campagne a récolté 5 000 $ pour subvenir au réseau, à l’enseignement et à un programme d’échange de reines/mâles ainsi qu’à maintenir des lignées locales.
Photo: Andrew Potter.

Le “Northern Bee Network” fait office de centre de communication pour les éleveurs d’abeilles “live-and-let-die” du Michigan avec comme but d’accroître la distribution des abeilles locales. C’est organisé par Meghan Milbrath, qui a travaillé d’abord en tant que chercheur et qui vend maintenant des nuclei et enseigne l’apiculture. Elle a étudié les enseignements de projets aujourd’hui dispersés, dans le but de restreindre l’action du réseau et de fournir des bases d’éducation et de lignées locales à travers l’état « Les apiculteurs sont indépendants », dit-elle, « et beaucoup de gens font localement un bon travail d’élevage ».

Le groupe a rassemblé 5 000 dollards au cours d’une campagne «Kickstarter» (campagne par iPhone et iPad) pour commencer en janvier dernier (2014), et dispose maintenant d’une liste de diffusion de 500 adhérents. Des échanges informels sur la sélection des reines et l’échange de cadres de mâles sont coordonnés, ainsi que certaines dépenses partagées, comme l’importation de reines Buckfast en provenance du Canada. Le site met également en rapport les débutants avec des mentors. Il n’y a pas de dispositions particulières pour de tels arrangements : certains sont gratuits, certains payés, certains simplement échangés (reines et essaims).

Le site (http://northernbeenetwork.com/) donne les profils de chaque éleveur, y compris ses critères de sélection et les traitements qu’il déclare effectuer. « Je ne veux pas établir de règles », déclarait Milbrath, « Mais nous avons besoin de transparence. Si j’achète une reine, je dois savoir comment les abeilles ont été élevées ». Les fournisseurs du réseau sont de petits apiculteurs avec moins de 100 ruches. « Tous travaillent soit sans traitement ou sont en passe de devenir sans traitement ». Ils utilisent l’IPM avec l’objectif de développer des lignées solides localisées Northern.

En Virginie

Le “Sustainable Honeybee Program” (SHP), programme apicole durable, au pied des “Blue Ridge Mountains” dans le nord-ouest de la Virginie est géré par Billy Davis qui a commencé l’apiculture en 1947.5 Il déclarait, à propos de la diminution des apiculteurs, colonies et clubs, que « Il faut absolument arrêter ce gâchis ».

SHP est un programme sans but lucratif pour stimuler l’élevage et fournir les groupes apicoles de la région en lignées survivantes locales (acclimatées) — « hygiéniques, douces, butineuses convenables, et qui ont une propension naturelle à bien passer l’hiver ». Les programmes d’enseignement, développés par Davis, sont offerts par le “Virginia Teaching Consortium”. Des quatre membres du conseil (non-salariés), trois, y compris Davis sont maîtres-apiculteurs.

Pendant 16 ans, Davis a élevé ses abeilles dans un rucher isolé, y apportant, il y a cinq ans, des reines hygiéniques inséminées. Il a maintenant une équipe de stagiaires qui tiennent soigneusement des documents des lignées, notent comment et quand des reines sont produites à partir de ruchettes de six reproductrices — dont l’une est âgée de quatre ans. « Nous faisons peut-être des recherches rudimentaires : une quantité de caractères sont observés », dit-il : le test de l’azote liquide pour le comportement hygiénique ; tous les 15 jours, des lectures infra-rouges de l’extérieur des ruches pour noter la taille de la grappe. « Nous recherchons des abeilles frugales, économes, » pour correctement passer l’hiver. « Nous avons travaillé sérieusement sur le comportement » : ses équipiers peuvent travailler torse nu dans un rucher très calme ! « Nous avons porté lentement les abeilles au point où toutes les colonies sont à plus de 80% hygiéniques ». À part la perte de 24 colonies due aux déprédations d’un ours, les pertes hivernales ne dépassent pas 3 % (deux parmi 66 nuclei).

« Nous soutenons autant que possible l’apiculture IPM. Nous ne sommes pas contraints de suivre un modèle commercial ni de choisir une méthode naturelle qui nous conduit sur le chemin des primevères, consistant à ne rien faire, sauf à laisser mourir nos abeilles. Cependant, nous n’avons pas traité une colonie sans raison depuis 2005 ».

Ils ont arrêté de produire des reines sur une grande échelle, n’en ayant élevé que 380 en une saison : « Cela épuisait nos gars », déclarait Davis. Le projet fournit des nuclei à des clubs de la région environnante. À chacun des clubs, ils demandent un don de 250 $ pour venir à l’appui de leur travail entièrement bénévole.

Le Marin County, en Californie

Pendant des années, un groupe d’apiculteurs du Comté Marin, ont discuté de la possibilité d’un projet d’abeilles survivantes de lignées locales. À cette fin, Cynthia Perry a organisé ce qu’elle appelle un “Split Squad”, qui a associé avec succès des fournisseurs d’essaims (nucs) et leurs bénéficiaires. Cela permet de soutenir l’adaptation aux contraintes locales. Certaines des reproductrices étaient âgées de trois à quatre ans. Les bénéficiaires apportent leurs propres ruchettes, font un don de 75 $ par essaim, acceptent de ne pas traiter chimiquement et fournissent un nucleus l’année suivante. Le groupe entièrement bénévole distribue ainsi une vingtaine d’essaims par an.

Un programme d’élevage complet, en plus des aides occasionnelles, des échanges de reines informelles, s’est avéré trop coûteux en temps pour les apiculteurs part-time du Comté Marin. Bonnie et Gary Morse (Fig. 2) ont entrepris une tâche plus professionnelle en tant que Bonnie Bee and Company, en collaboration avec des apiculteurs de soutien. Des cadres avec des œufs ou des nucs, à partir des meilleures colonies provenant des divers microclimats du comté, ont servi pour produire des cellules, futures reines de sélection. Les Morse ont commencé avec 20 colonies dans quatre ruchers et maintenant (2014), après trois ans, ils gèrent 120 colonies dans 14 ruchers, l’ensemble avec l’IPM.

Bonnie et Gary Morse

Fig. 2.  Bonnie & Gary Morse ont commencé un élevage d’abeilles locales en tant que ”Bonnie Bee Company“ avec l’aide des apiculteurs du Comté Marin. Ceux-ci leur procurent des lignées sélectionnées en provenance de divers microclimats.
(Photo Mélanie Kirby)

« Nous avons vraiment progressé grâce à l’évaluation », déclarait Bonnie Morse. « Si nous sélectionnons pour une ou deux qualités, nous ne pouvons pas chercher d’autres caractères ». Cela étant dit, ils sont attentifs à trois comportements dans les colonies les plus réussies : les périodes sans couvain, l’élimination des mâles, et la désoperculation des nymphes, caractéristique du comportement hygiénique envers Varroa (VSH).

Leur observation des périodes sans couvain, non pas déclenchées par la famine ou une supersédure, suggère un réel moyen de contrôle des acariens. Pour examiner le phénomène, ils ont installé un rucher expérimental au Centre Romberg de l’Université de l’État de San Francisco (à Tiburon). « Il semble y avoir une meilleure survie hivernale de ces colonies. Cela défie toute logique. Pour nous, 9 des 10 colonies qui furent momentanément sans couvain ont survécu à l’hiver, alors que seulement 3 sur 10 restèrent parmi celles qui ne l’ont pas été », disait Bonnie. En gérant les abeilles « avec un manque de compréhension anti-varroa — ajout d’un cadre de couvain ou essai de remérage — nous pouvons décourager les abeilles de le faire de leur propre chef », dit-elle.

Sur trois ans, leurs ventes de nucs ont augmenté de 50 à 150. Tous ces nucs sont retournés dans les zones climatiques du Comté correspondant à leur parentèle. « Cette notion est communément admise comme importante, même si je ne sais pas à quel point elle l’est », dit-elle.

Dans leur travail vers cet objectif commun, les Morse suscitent aussi chez leurs clients le besoin d’augmenter leurs échanges. « Ce qui est passionnant sur Marin, c’est ce que tous les apiculteurs sont arrivés à faire — apprendre à faire nucs, élever des reines. Nous avons maintenant 74,7% des abeilles d’origine locale. En tant que communauté, nous pourrions être en mesure de créer l’isolement » — dans une zone de plus de 800 miles carrés. « C’est encourageant », a conclu Morse.

Le Colorado

5280, le nom du groupe d’élevage de Denver, attaché aux abeilles survivantes, c’est l’altitude de la ville (en pieds => 1609 m) — cet élément est pertinent dans l’échec de nombreux nuclei provenant de climats différents. L’organisatrice, Marygael Meister, chimiste et microbiologiste, se décrit comme une down board thinker — c’est un terme d’échecs qui se réfère à la planification à long terme. Son premier mouvement pour résoudre le problème a été de lancer des programmes d’éducation sur le comportement général des abeilles et des conditions de l’élevage. La suite fut de convaincre 23 membres de la liste des plus de 300 adhérents de la Bee Association Denver et de leur fournir à chacun l’équipement de départ. Elle a créé deux groupes de gestion : avec et sans équipement. Les participants devaient étudier les miellées dominantes suivant quatre directions sur deux miles à partir de leurs ruchers — une exigence qui reconnaît la nécessité d’une surface d’un acre tout au long de la saison pour suffire à nourrir une colonie.6

Comme nous voulons élever des lignées qui puissent résister aux hivers de Denver, les colonies ont été gérées avec l’IPM. L’élevage a été effectué par greffage et les reines produites laissées s’accoupler dans une zone habitée de A.m. mellifera sauvages — qui semblent s’être adaptées en tant que survivantes des importations européennes du début. Malgré la perte complète d’un rucher de précieuses lignées de la Washington State University par une action entomophobe avec une canette de Raid, 12 des 23 colonies ont bien hiverné.

« Nous sommes tous sur le même bateau », a déclaré Meister. L’élevage est effectué à partir de reines d’origine connue qui sont testées très hygiéniques (à l’azote liquide) et sont d’excellentes productrices de propolis. Les adhérents maintiennent désormais 16 ruches dans une ferme urbaine et 18 sur le toit de l’hôtel cinq étoiles Brown Palace Hôtel, où ils extraient leur miel. Ils se réunissent pour les réunions mensuelles dans une salle sur le toit de l’hôtel. Ils y ont une vue sur leur rucher et sur la ville et y reçoivent des enseignements appropriés. L’hôtel prépare un bourbon et une bière avec le miel et organise des événements centrés sur l’abeille. « Et tout ça avec beaucoup d’enthousiasme », dit-elle.

La Pennsylvanie

Le Pennsylvania Queen Project est décrit par le président Jeff Berta comme « un groupe informel d’apiculteurs d’opinion commune orientés vers l’IPM/ne pas traiter répartis dans tout l’état ». Ils sont soutenus par l’expertise du CPR (Penn State University Center for Pollinators Research).7

« Les apiculteurs semblaient se dire : échangeons, mais ce n’est jamais arrivé », a déclaré Berta, qui, avec le coprésident Mark Gingrich, a décidé d’organiser cela de façon plus formelle. Il a reçu trois subventions du « NESARE » pour couvrir les équipements, les cellules royales, et pour évaluer sur le terrain les lignées les plus résistantes aux acariens. Sur les conseils de l’entomologiste Christina Grozinger de la CPR, un programme d’accouplements libres dans des ruchers isolés à cinq endroits appropriés à travers l’É ;tat. Pour commencer, plus de 200 cellules royales des lignées de Russie, de carnioliennes de l’Ontario et de Buckfast ont été introduites pour être fécondées avec des mâles de lignées de survivants locaux. Berta a mis au point un système de cotation où il corrèle la force de la colonie, le nombre de cadres de couvain et de miel avec le nombre d’acariens dans un tableau statistique. Le groupe qui a suivi a décidé de prendre les colonies les mieux cotées et qui ont survécu au troisième hiver sans traitement pour l’insémination instrumentale (II). Ils ont l’intention de sélectionner à nouveau pour produire plus de reines inséminées et largement disperser les filles aux participants — un groupe de sept, bientôt douze, apiculteurs chevronnés.

Berta est horticulteur de profession. Il n’a plus traité ses abeilles depuis plus d’une décennie. Mais avec une idée : « L’objectif est sans produits chimiques, mais nous n’y sommes pas encore. Nous en avons perdu beaucoup et si nous n’avions pas été si obstinés avec l’élevage exclusivement sans produits chimiques, nous aurions encore plusieurs lignées de valeur ». Il souligne que chaque reine élevée vaut maintenant des milliers de dollars de l’argent de la subvention, des heures de travail et des centaines de miles de route — faisant de l’IPM une alternative viable pour aller de l’avant.

Il essaye de motiver plus de monde et donc recrute de nouveaux apiculteurs pour tester ses lignées. Partageant la génétique à succès, le groupe adopte sa vision de l’objectif. Bien que la descendance soit vendue par l’entremise des membres du projet, des cours universitaires et des clubs apicoles, les greffages des larves de sélection sont gratuits, et ils vont organiser un échange de reine à un pique-nique annuel.

Midwest

La Heartland Honey Bee Breeders Cooperative (HHBB) comprend des membres de l’Illinois, de l’Indiana, du Kentucky, du Michigan, du Missouri, de l’Ohio, du Tennessee, de la Virginie et de la Virginie occidentale. Leur but commun est de « développer une abeille productive, résistante aux maladies, peu agressive et adaptée au Nord ». Ils prévoient une action d’insémination annuelle à la Purdue University de l’Indiana sous la direction du professeur d’entomologie Greg Hunt, expert en génétique du comportement

Les représentants des projets de lignées survivantes de quatre États se sont réunis pour le premier de ces événements en juin dernier (2014), apportant le meilleur de leurs lignées à partir de plus de 1000 colonies: Dwight Wells, président de HHBB, Ohio; Dan O’Hanlon, Virginie-Occidentale; Dave Shenefield, Indiana; et Jeff Berta, Pennsylvanie. «  Dans ce groupe, tous les États sont dans le même biotope », a déclaré Berta. « Nous avons tous des hivers semblables, longs et imprévisibles. Nous faisons nos évaluations un peu différemment, mais l’objectif de chacun est le non-traitement avec l’IPM comme dernier recours. Nous espérons créer des abeilles résistantes aux acariens ».

À cette réunion, on a inséminé 74 reines des programmes de sélection HHBB — certaines avec des mâles de lignées de Purdue, particulièrement actives en toilettage (grooming), certaines de lignées VSH. Hunt se félicite de la coopération : L’élevage « demande beaucoup de travail. Ce n’est pas suffisamment incitatif sur le plan économique et pas assez incitatif sur le plan universitaire pour produire des souches résistantes ».

Fig. 8.  Quelques locomotives de l’action insémination à la Purdue University avec la coopérative HHBB : Le Professeur Greg Hunt, Dwight Wells, Jeff Berta et Sam Moehlet. (Photo Dan O’Hanlon)

Son laboratoire a commencé la sélection pour la résistance aux acariens en 1997, en utilisant la plupart du temps les survivantes disponibles et quelques colonies des programmes de sélection de l’USDA (Baton Rouge). Il a trouvé une nécessité pour la sélection d’un comportement de toilettage des acariens par les abeilles comme un caractère complémentaire au VSH — qu’il considère comme les deux caractères les plus importants. Et parce que les acariens happés sont mâchés par les abeilles, sa lignée a été appelée la bouffeuse de pattes de l’Indiana. De 2007 à 2013, la proportion moyenne des acariens mâchés dans le stock est passée de 3% à 44% (Fig. 4), et est peut-être encore plus élevée maintenant.8

Pour tester ce caractère en aveugle, le Hunt Lab a donné deux reines aux membres HHBB — l’une avec et l’autre sans le caractère de toilettage, simplement marquées avec des couleurs différentes. Les participants s’engagent à introduire chaque reine dans un essaim orphelin de même taille, de ne pas traiter, et de fournir l’évaluation de chaque reine à la fin de la saison. À ce moment, la colonie mordeuse d’acarien est identifiée.

« Je pense que si nous pouvons combiner ces deux caractères, nous aurons des abeilles que nous n’aurons plus besoin de traiter contre les Varroa », déclarait M. Hunt. « Mais on devra conserver la sélection (NdTr : on devra toujours conserver la sélection. Après trois générations sans sélection, les colonies deviennent quelconques, de la meilleure à la pire). Je suis emballé à faire connaître et apprécier ce travail parmi les apiculteurs. Je veux distribuer autant les lignées que la formation nécessaire. Nous aimerions former une communauté de l’apiculture Midwest essayer les reines que nous sélectionnons pour leur capacité élevée de toilettage contre le Varroa et une bonne résistance à l’hiver ».

New Mexico

Le projet « Southwest Survivor Queen Bee Project », qui s’est muté en projet « Rocky Mountain Survivor Queen Project », est momentanément installé dans un institut concernant les pollinisateurs en général. Le but serait de développer un programme accessible aux apiculteurs à l’échelle nationale (entre les États), via le web, des infobulletins, et des journées de travail sur le terrain — pour acquérir une convergence — par le principe selon lequel des sources non liées, indépendantes peuvent converger avantageusement.

Mélanie Kirby et Mark Spitzig de la « Zia Queen Bee Company » ont lancé le projet, il y a environ sept ans, ayant élevé des lignées survivantes tout au long de la dernière décennie dans des zones aux climats qui variaient du désert à la toundra. Leur projet initial axé sur la propagation de lignées adaptées aux microclimats très variés du Nouveau-Mexique. Par la suite, le couple a échangé et testé des reines survivantes provenant d’éleveurs de tout le pays, de l’Oregon et du Colorado, du Maryland, du Vermont et de la Pennsylvanie. Cela leur a permis d’améliorer la diversité génétique. Ils ont publié un manuel pratique dédié à l’élevage de reines survivantes.

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Et l’avenir ?

Ce sont de nombreux éleveurs individuels pratiquant, de longue date, l’élevage de survivantes qui ont fourni l’élan de ces coalitions locales: par exemple, Kirby et Spitzig se sont rendus à Marin pour aider à lancer les Morse, qui se sont également rendus au Vermont pour apprendre de Kirk Webster — un éleveur de lignées non traitées depuis plus d’une décennie. « Ils sont encore à leurs débuts », a déclaré Webster. « Chacun doit travailler avec sa propre méthode dans ses conditions et avec ses objectifs, qui sont souvent très différents chez l’un et chez l’autre ».

« Il faudra un certain temps pour voir l’effet de l’adaptation à l’environnement local », a déclaré Delaney. « La génétique se dilue si rapidement. C’est une épée à double tranchant — il faut maintenir la diversité et sélectionner pour des caractères particuliers. L’élevage est difficile ».

UC Davis Extension apiculteur Elina Niño disait: « Les facteurs limitants sont le temps et l’argent. Petits programmes pourraient être ceux qui viennent avec une bonne lignée qui pourrait être utilisée par les grands apiculteurs commerciaux ».

Le rêve de Sue Cobey était, il y a cinq ans, que les petits apiculteurs puissent organiser l’élevage de leurs lignées en groupes géographiquement spécifiques. Ce rêve devient une réalité, avec encore plus de ces efforts de travail partagé que ceux repris dans cet article. Le plus grand rêve de Cobey est que ces groupes soient connectés grâce à un programme national de soutien qui pourrait aider à évaluer, sélectionner et même reproduire.

Après trois décennies d’observation et d’expérience, Eric Mussen, ayant récemment pris sa retraite du département d’apiculture de l’UC Davis dit, « Au fil du temps, je pense qu’il y aura des abeilles locales qui seront beaucoup mieux adaptées ».

Avec nos remerciements pour les interviews avec : Jeff Berta, Sue Cobey, Billy Davis, Debby Delaney, Christine Grozinger, Greg Hunt, Mélanie Kirby, Marygael Meister, Meghan Milbrath, Bonnie Morse, Mark Spitzig, Marla Spivak et Kirk Webster, ainsi que des informations généreusement fournies par Mike Allsopp, John Miller et Cynthia Perry.

M.E.A.McNeil
Octobre 2014. On peut la contacter sur
MeaMcNeil@onthefarm.com.

Notes

  1. McNeil, MEA (2009). Suivant les survivants, les parties I et II, l’American Bee Journal, v 149, n°3, Mars 251-55 et v 149, n°4, Avril 353-58.
  2. McNeil, MEA (2012). Joyeux anniversaire à l’USDA et Land Grant collèges, Bee Culture, Décembre, 65-72.
  3. Le travail initial a été fait à l’Ohio State. John Kefuss fait reproduction précoce contre les acariens.
  4. Les abeilles en Afrique du Sud sont A.m. scutellata et A.m. capensis. La génétique européens ont presque tous disparu, selon Allsopp.
  5. Plusieurs vidéos de Billy Davis sont disponibles sur YouTube.
  6. exigence de fourrage: Eric Mussen, a pris sa retraite apiculteur UC Davis Extension.
  7. Centre de Penn State pour pollinisateurs recherche, http://ento.psu.edu/pollinators.
  8. Andino, GK, Hunt, GJ (2010). Une note scientifique sur un nouveau test pour mesurer le comportement des abeilles acariens toilettage, Apidologie, DOI 10 1007 / s13592-011-0004-1.
est une journaliste freelance, maître apiculteur et membre du Conseil miel et pollinisation à l’UC Davis.