Comment obtenir une lignée anecballique ?

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[Articles originaux de
Hector Wallon "1" et "2"]
[ Premier article de Delval ]
Article de G.A. Delval
Bruxelles, Belgique
Extrait de La Belgique Apicole,
24(3), 1960, p 45-46
Avec leur permission.

Un apiculteur de la région bruxelloise dont le rucher est établi à Wellin — à 130 kilomètres de chez lui — nous signale qu’il perd fréquemment des essaims parce qu’il lui est impossible de se trouver en permanence à son rucher pendant la période d’essaimage et demande s’il existe en Belgique une station d’élevage pouvant lui fournir des reines anecballiques.

La question étant d’intérêt général, nous croyons bien faire en répondant par la voie du Bulletin.

Il n’existe pas de station d’élevage de reines anecballiques relevant de l’Union des Fédérations provinciales d’Apiculture ou de l’une de ces Fédérations.

Il y a quelques années, nous avons procédé, le Dr Wallon et moi, à un élevage intensif de reines de notre lignée anecballique.  Toutes ces reines — une trentaine — ont été distribuées gratuitement à la seule condition que les bénéficiaires nous tiendraient au courant du comportement des reines reçues.  Les rapports qui nous sont parvenus ont été si peu nombreux — trois ou quatre, tout au plus — que nous avons renoncé à continuer l’expérience.

Pour supprimer, ou tout au moins réduire fortement la propension à l’essaimage d’une colonie, il faut et il suffit de mettre à sa tête une reine fécondée provenant d’une lignée anecballique.  La remérisation de toutes les colonies essaimeuses d’un rucher ne doit pas se faire en même temps.  Dans un rucher d’une certaine importance, la chose n’est d’ailleurs pas possible étant donnée la grande difficulté que l’on éprouve à se procurer des reines réellement anecballiques.  L’Union des Fédérations provinciales d’Apiculture ne peut donner aucune garantie à la valeur des reines auxquelles certains éleveurs attribuent le caractère anecballique.  Elle ne peut et ne veut recommander aucun élevage.

Le plus simple et le plus certain est de créer, soi-même, sa propre lignée anecballique.  La chose ne présente pas de difficultés insurmontables.  Dans tout rucher, il y a des colonies qui essaiment chaque année; d’autres qui essaiment tous les deux ans, d’autres enfin qui n’essaiment pas ou très rarement.  C’est d’une de ces dernières qu’il faut partir; de celle qui présente les qualités essentielles, douceur, longévité des abeilles et aptitudes à la récolte.  La souche étant choisie, il suffit, après la période d’essaimage, de la rendre orpheline et de donner sa reine à une colonie essaimeuse.  La ruche rendue orpheline va se remérer.  Quant à celle qui a reçu la reine de la souche, après un mois, elle ne possédera plus aucun oeuf de sa première reine et on pourra lui enlever la reine qui lui avait été donnée pour la placer dans une autre colonie essaimeuse.  La seconde colonie orpheline va donc forcément élever sur des oeufs provenant de la reine de la souche choisie.  Arrêtons-nous : cela suffit pour la première année.  Nous possédons trois colonies ayant à leur tête la reine de la souche et deux de ses filles.  L’année suivante, si aucune des trois colonies n’essaime, nous sommes dans la bonne voie.

Nous allons maintenant commencer la sélection des mâles.  Dans la souche, avant la période d’essaimage, nous plaçons, au milieu du nid à couvain, deux cadres bâtis contenant beaucoup de cellules de mâles ou, à défaut, deux cadres amorcés d’une bande de quelques centimètres de cire gaufrée.  Les abeilles achèveront la construction en cellules de mâles et nous obtiendrons ainsi beaucoup de bons bourdons pour féconder nos jeunes reines.  Celles-ci ainsi que les mâles de la souche devront être retenus dans les ruches au moyen de grilles à reines placées devant les trous de vol.  La liberté ne sera rendue qu’après 15 heures, c’est-à-dire au moment où la grande majorité des bourdons des autres ruches sont déjà rentrés.  Nous avons ainsi beaucoup de chances d’obtenir de bonnes fécondations.

Dès que la période d’essaimage est passée — ceci pour contrôle de l’anecballie des trois premières colonies traitées — nous recommençons, sur celles-ci, l’opération effectuée l’année précédente sur la souche.  Les trois reines sont enlevées et placées dans d’autres colonies essaimeuses.  Un mois plus tard, les reines sont données à d’autres colonies.  Dès la deuxième année, neuf de nos colonies ont déjà, à leur tête, une reine provenant de la souche que nous avons choisie.  Nous pouvons continuer de la sorte, si nécessaire.

Pour maintenir l’anecballie dans un rucher, il faut se montrer sévère.  La jeune reine d’une colonie qui a essaimé doit, impitoyablement, être remplacée par la mère d’une ruche n’ayant pas donné d’essaim depuis que vous cherchez à améliorer votre cheptel.  La sélection des mâles doit se poursuivre et tout doit être mis en oeuvre pour que nos jeunes reines soient fécondées par des mâles nés dans la lignée.

Extrait de La Belgique Apicole,
24(3), 1960, p 45-46
Avec leur permission.
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Article de G.A. Delval
Bruxelles, Belgique