15.– La Consanguinité

Aucune espèce animale ne réagit aussi défavorablement à la consanguinité que l’abeille domestique.

C’est un phénomène insidieux qui peut durer des années avant que l’on en remarque la cause. Le retard dans le développement, la diminution de la productivité et une mortalité hivernale exagérée sont à tort excusées par des absences de miellée ou des conditions climatiques défavorables.

La nature et l’évolution de l’abeille ont pris des dispositions à l’encontre de la consanguinité par l’essaimage régulier des colonies avec des reines sans parenté directe et par l’accouplement des reines avec un grand nombre de mâles provenant d’un rayon dépassant 10 km. Un certain nombre d’essaims prennent le large, d’autres venant de l’extérieur viennent enrichir le patrimoine génétique.

Dans un élevage moderne, beaucoup de reines sont élevées à partir d’une seule reine mère et ceci même pendant 3 à 4 années. Les reines des colonies voisines, productrices de mâles, sont souvent remplacées par des filles de la reine d’élevage. La distribution du patrimoine génétique aux collègues du voisinage porte atteinte à la diversité génétique. Le choix des reines de reproduction dans un nombre limité de colonies (10 à 30 colonies) sans acquisition de matériel étranger durant des années renforce, le danger de consanguinité.

Le cas extrême, rarement observé si la fécondation est naturelle, est l’apparition de couvain lacunaire. La reine pond des œufs fécondés qui possèdent 2 allèles sexuels identiques, apportés par l’ovule et le spermatozoïde. Ceci donnerait naissance à des mâles diploïdes. Les abeilles les reconnaissent et les dévorent à la naissance ce qui provoque les trous dans le couvain (Woyke 1963). Ces colonies consanguines ne sont plus viables et doivent être renforcées par des abeilles ou du couvain. Souvent même des colonies à des stades inférieurs de parenté sont accablées par une perte de vitalité. La résistance aux maladies du couvain et à la nosémose est fortement diminuée.

Mais surtout l’insémination instrumentale des reines fait frôler les limites tolérables. On doit toujours être vaillant et travailler avec un spectre génétique très vaste.

Tous les essais de sauvegarde d’une lignée par la consanguinité ont échoué et ont conduit à la perte de la lignée.

Un outil extrêmement intéressant est fourni par Jean-Marie Van Dyck qui publie sur internet les pedigrees des reines sélectionnées.