22.–  Mâles ou Drones

II existe entière unanimité que la réussite d’une insémination est liée à l’utilisation de mâles appropriés.  Extérieurement, on ne voit nullement s’ils répondent aux espoirs souhaités.

Il ne suffit pas qu’il y ait beaucoup de drones dans une ruche pour que la quantité de sperme nécessaire à l’insémination soit récoltée; il faut encore s’en assurer.  S’il n’y a pas de sperme disponible, tous les travaux préparatoires auront été faits en vain.

Entre le couvain de mâles dans une colonie et le nombre de mâles mûrs et bien munis de sperme, que l’on trouvera effectivement, il existe une énorme discordance.  D’après l’étendue du couvain mâles par exemple, en Europe centrale, le nombre de mâles mûrs devrait être le plus élevé en juillet.  En réalité, le nombre de mâles diminue par rapport au nombre d’œufs mâles d’origine.  La forte diminution ne peut s’expliquer que par la mortalité d’un grand nombre qui n’atteignent pas la maturité.  Beaucoup, de ceux qui l’atteignent ne sont pas adéquats pour l’insémination, à cause de leur production peu importante de sperme.

Que la majeure partie des mâles présents soient inaptes à un certain moment pour la fécondation resp.  l’insémination, se révèle lors de la récolte de sperme.  II faut bien admettre qu’à côté des reines, il faut également élever des mâles.  Avant l’operculation de la cellule, des essais ont révélé que le potentiel sexuel des mâles est influencé.  Les meilleurs soins doivent être prodigués dès l’éclosion de l’œuf.

La colonie d’élevage doit être préparée à temps à sa mission.  Une stimulation, colonie renforcée avec un surplus en jeunes abeilles provoque une atmosphère d’élevage nécessaire.  Des réserves en pollen et nectar sont stimulantes.  Des colonies hivernées en forte population possèdent les propriétés requises plus tôt que les faibles.

Des colonies orphelinées qui sont régulièrement nourries se prêtent très bien pour les soins ultérieurs.  Quand on retire un cadre de mâles avec œufs, il faut considérer que la reine a besoin de plusieurs jours entre le début de la ponte sur un nouveau cadre et le moment où elle le quitte.  II faut compter aussi qu’entre la ponte de l’œuf et la maturité sexuelle du mâle, il s’écoule 36 jours et plus.  Les préparatifs devront donc débuter fin avril si l’on veut inséminer à la mi-juin.

Cette échéance est facilement différée lors de mauvais temps.  II est recommandable de se préparer pour l’élevage de mâles afin d’éviter d’aboutir à une impasse.

22.l.  Isolement.

En raison du danger de mâles étrangers s’introduisant dans la ruche il faut prendre toutes les dispositions pour éviter un mélange.  Certaines méthodes préconisées consistent en un blocage du libre vol par une grille à reine devant ou à l’intérieur du trou de vol.  On peut aussi placer devant l’entrée, des cages à mâles avec une grille à reine.  On pratique même l’éclosion et la claustration des mâles dans la hausse à miel au-dessus d’une grille à reine.  Comme le libre vol n’a pas lieu, aucune sélection physiologique des mâles n’est possible.

Des mâles pouvant librement voler se prêtent mieux à la récolte du sperme.  J’opte pour l’isolement des colonies productrices de mâles qui sont distantes de 2 km ; en prenant soin de leur faire produire un maximum de mâles (par conséquent) l’acceptation de mâles étrangers dans les ruches est quasiment nulle sauf si la colonie devient orpheline.  La deuxième méthode consiste à faire éclore des mâles dans une hausse à miel au-dessus d’une grille à reine.  Les jeunes mâles sont marqués individuellement et mis au libre vol.  A l’aide d’un petit pinceau une marque de couleur est étendue sur le thorax ou l’abdomen.  Seuls les mâles marqués sont utilisés pour la récolte du sperme.

Les moments les plus propices à la capture sont les premières heures de l’après-midi.

Les drones se trouvant sur le couvain sont rarement mûrs, mais par contre ceux qui se tiennent sur le plancher et sur les cadres de côté sont âgés de plus de 12 jours.

La majeure partie des inséminateurs n’utilisent qu’une seule colonie comme donateur de mâles.  Ceci est délicat et contre nature par cette limitation maximale du spectre génétique (voir particularité génétique et l’article de Hans Røy).  Il est préconisé de capturer les mâles en proportion égale dans un minimum de 4 colonies de même lignée avec des reines sœurs.  Grâce à cette précaution les reines inséminées ont une espérance de vie équivalente à leurs consœurs fécondées naturellement.  Il est même possible que les colonies à reines inséminées soient plus productives.

22.2.  Cagettes de transport.

boite de transport pour drones

Fig. 20.  Cagette de transport et de conservation des drones dans les nuclei.
Photo Jos Guth.

Pour la capture et le transport des mâles au laboratoire d’insémination on prépare des cagettes à la mesure des cadrons (1/2 cadres de hausse Dadant).  Ceci permet l’entreposage dans les ruchettes de fécondation.  Les deux faces sont garnies de grille à reine en plastique.  Le plus souvent les drones des colonies de choix à mâles sont capturés le jour précédent la récolte de sperme.  Ils sont entreposés avec la cagette dans de fortes unités de fécondation.  Leur nourrissement et les meilleurs soins leur sont administrés dans des unités orphelines ou avec reine non fécondée.  50 mâles par cagette est un nombre à ne pas dépasser.  Ils peuvent être gardés jusqu’à 2 jours.

Lors de l’utilisation, la cagette est retirée puis posée à plat sur le couvercle de la ruchette.  Les ouvrières qui se trouvent à l’intérieur de la cage quittent rapidement celle-ci par la grille à reine.

Un nourrissement de la ruchette la veille de la récolte stimule les drones à tel point qu’un nombre nettement supérieur produira du sperme (Paul Jungels).

22.3.  Transport des mâles.

L’enfermement et le transport d’un grand nombre de mâles dans une ruche exigent des précautions.  Souvent le moindre échauffement provoque l’étouffement de tous les mâles.  Ils sont beaucoup plus fragiles que les ouvrières.

Les risques sont diminués, lorsqu’une hausse vide est placée en-dessous du corps à couvain, ainsi que l’utilisation d’un grand grillage de ventilation.  Le nombre des ouvrières d’accompagnement doit largement dépasser ceux des mâles pour garantir leur nourrissement.

22.4.  Cage de vol.

Lors de la récolte de sperme, la disponibilité des mâles pour une capture rapide est avantageuse.  Il est bien connu que la sécrétion du sperme est plus compacte chez les mâles ayant eu la possibilité de voler.  La défécation avant la capture permet un travail propre et diminue les dangers d’infection.

La cage de vol décrite a fait ses preuves depuis des années.  Un projecteur de 300 W est fixé derrière la vitre arrière par l’intermédiaire d’un fer plat et de deux anses.  La paroi frontale, en plexiglas 5 mm avec, au milieu une découpe de 170 mm de diamètre, rend l’intérieur accessible.  Le dessus, la paroi arrière ainsi qu’une découpe reposant au fond sont en verre qui se laissent facilement retirer pour le nettoyage.

La chaleur dégagée évite que les mâles ne tombent rapidement en apathie.  La forte luminescence les attire vers la vitre arrière et rend la fermeture du trou d’accès inutile.  Un léger décalage de la cage de vol par rapport à l’appareil d’insémination évite un éventuel éblouissement lors de la récolte de sperme.

Actuellement, avec les ampoules led, un petit chauffage réglé sur 25-28 degrés permet de les maintenir en bonne forme.

La cagette entière de transfert des mâles est posée dans la cage de vol.  Après retirement des 4 bouchons aux coins, les mâles sortent et défèquent après un court vol contre la vitre arrière.

Avant l’insémination la reine est, libérée dans la cage de vol.  Par des mouvements énergiques de l’abdomen la défécation a lieu dans un délai d’une ou deux minutes.

Le procédé d’insémination ultérieur avec du matériel d’abeilles bien préparé se réalise plus rapidement.

22.5.  Plan de travail.

Comme il se dégage des données précédentes, un certain nombre de préparations aussi bien pour les reines que pour les drones sont nécessaires.  Elles visent à ce que les deux sexes soient disponibles, matures, au même moment.  Pour cela, l’observation d’un calendrier est indispensable.  Dans ce plan de travail sont notés les jours du calendrier, où des travaux et contrôles sont à effectuer.  Pour éviter des pointes de travail, l’apiculteur amateur doit en tenir compte lors de la planification.  Le tableau en annexe fournit dans ce cas une aide à une programmation de base.  Le mieux est la confection de photocopies sur lesquelles on indique les dates correspondantes.  Une certaine marge est à prévoir.